Sud du Maroc (du 10 au 25 janvier 2009)


Ambiance
Tout d'abord pour vous mettre un peu dans l'ambiance je vous invite à cliquer sur lecture sur le petit lecteur ci-dessous (grand triangle central , le réglage du volume est à coté à droite :


Découvrez la playlist maroc2009 avec Tinariwen

Contexte général
L'idée de ce voyage est de partir seul avec un sac-à-dos, de la bouffe, de l'eau, des vêtements chauds et un sur-sac de couchage pour bivouaquer sous les étoiles quelques jours dans l'erg Chebbi puis voyager au gré de mes envies dans le sud marocain, le tout pendant deux semaines, inch allah !
Coté météo, cette année il fait exceptionnellement froid au Maroc, il y a de très fortes précipitations de neige, voilà pour le contexte de ce voyage.

Remarque
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Une carte

Une carte plus grande


Samedi 10 janvier 2009
J'arrive en début d'après midi à l'aéroport de Marrakech depuis Paris CDG. Je ne souhaite pas m'éterniser à Arnaquech (surnom donné à la ville par les berbères du sud marocain), la navette de l'aéroport me dépose à la gare routière Bab Doukkala, ou je prends un billet pour un car de la CTM (pour la fiabilité de leurs cars, comparée aux compagnies locales, mais avec quelques heures d'attente nécessaires). La conduite au klaxon et dépassement en toutes circonstances est assez rock'n'roll, nous ne sommes qu'une dizaine à bord. La nuit tombe et après une petite pause pour manger une soupe chaude à Tadderte, les choses sérieuses commencent: la montée du col du Tichka dans le vent, le brouillard et la neige. A plusieurs reprises le chauffeur doit descendre du car pour aider d'autres chauffeurs routiers à mettre du gravier sous les roues des camions qui glissent et n'arrivent pas à monter, nous bloquant par la même occasion. Bref, une fois le col passé, la route redevient vite roulante et nous arrivons à Ouarzazate.
Sorti de la gare routière CTM, je me dirige vers le centre ville et reconnais assez rapidement les lieux, ce qui me permet de me diriger vers l'hôtel Atlas (spartiate mais clean) dans lequel j'avais dormi l'année dernière, lors d'un précédent voyage dans la région avec mes 3 acolytes (Christophe, Jérôme et Jérémie).


Dimanche 11 janvier 2009
Vers midi, je retourne à la gare routière CTM pour prendre un car en direction d'Errachidia. Durant le voyage qui longe la vallée du Dadès, nous faisons une petite pause à Boumalne Dades, près d'un restaurant vers lequel se dirigent tous les passagers du car; moi, je préfère traverser la rue, car le hasard veut que nous nous sommes arrétés très exactement en face d'un restaurant ou nous avions mangé puis dormi l'année dernière (dans le même salon ou nous avions mangé) . Malheureusement la pause est trop courte, c'est dommage car après le repas j'ai une conversation très instructive sur la région avec un jeune diplômé en droit qui officie parfois en tant que guide pour ses amis.
A l'approche d'Errachidia, la vue de la lumière de la fin de journée, sur les plateaux enneigés du pré-Atlas du sud, est absolument splendide (cette vision orientera mes choix plus tard dans la suite de mon voyage).
A Errachidia je rencontre Zakaria et Hassan avec lesquels j'ai un temps l'éventualité de rejoindre l'erg Chebbi et puis finalement cela ne se fait pas, mais je suis invité à passer la nuit dans la famille de Zakaria. Après un passage par le souk pour acheter de quoi faire un tajine, plus quelques pâtisseries, nous rentrons à la maison pour déguster en famille les gâteaux autour d'un thé, puis l'excellent tajine préparé par la mère de Zakaria.

Zakaria, Simo son frère et sa mère.

Le père de Zakaria et Hassan.


Lundi 12 janvier 2009
Je me rends à la place aux taxis et monte à bord d'un "grand taxi" pour Risani via la vallée du Ziz et ses nombreux palmiers dattiers. Au Maroc un "grand taxi" c'est une Mercedes qui a déjà bien vécu, 1 chauffeur et 6 passagers, soit 3 personnes devant et 4 à l'arrière. Pendant le voyage nous sommes plutôt tassés, surtout que mes covoiturés sont plus costauds que moi. Comme si ce trajet n'était pas assez épique comme ça, voila que je me mets à saigner du nez; je gère tant bien que mal la situation. Arrivé à Risani, j'ai l'impression que les gens me regardent un peu bizarrement, est-ce le blanc-bec avec sac-à-dos qui intrigue ou le sang qui doit certainement me rester sur la tronche, sûrement un peu des deux....
Bref, ni une ni deux, j'embarque à bord d'une vieille fourgonnette qui en France aurait depuis longtemps pris la forme d'un cube d'acier compressé d'un mètre de coté, mais ici elle permet, tout en pétaradant, la liaison entre Risani et l'erg Chebbi.
Je préfère descendre à Hassi Labied (petit village avant Merzouga qui semble être trop touristique), j'achète 10 litres d'eau dans une toute petite boutique à un vendeur un peu interloqué et je pars en direction de l'erg chargé comme une mule avec près de 14 litres d'eau en plus du reste, mais très motivé d'arriver enfin au premier objectif de mon voyage. Très vite, je peux admirer les belles lumières de la fin d'après-midi tout en m'enfonçant vers le centre de l'erg. Je marche jusqu'à ce que je ne puisse plus voir grand-chose, tout en ayant estimé avoir trouvé l'endroit idéal pour le lever de soleil du lendemain matin. Je me couche dans mon duvet, lui même dans son sur-sac de couchage, sur une petite mousse de camping posée sur le sable froid sous la voie lactée.


Mardi 13 janvier 2009
La nuit à été plutôt très froide, je n'ai pas très bien dormi, car pour cette première nuit je n'ai pas très bien géré la formation de condensation dans le sur-sac de couchage liée à la respiration et mon emplacement sensé être idéal pour le lever du soleil ne l'est pas vraiment, car je me retrouve au nord d'une grande dune, mais en contre partie j'ai droit au magnifique spectacle qu'est le scintillement du givre sur les crêtes des dunes (qui malheureusement ne rend rien en photo).

Le scintillement du givre sur les dunes.

La vue du matin avec encore un résidu de givre sur quelques crêtes de dunes.

Une fois bien réveillé, je fait un point GPS qui me positionne assez proche du centre sur ma carte GPS maison. Je continue vers le centre, puis décide, sur les conseils promulgués par Hassan, d'aller vers le nord, vers la grande dune Yasmina, mais avant cela tel un Bushman du Kalahari, je décide d'ensabler 5 bouteilles d'eau dans un endroit relativement reconnaissable (je note tout de même la position GPS, Bushman certes, mais de Bretagne ! ;-) ) et repars allégé vers le nord. Arrivant près de la dune, je décide de la contourner par l'est, puis de faire une pause près du lac au nord.

Le lac juste au nord de l'erg Chebbi.

Ensuite je monte tranquillement la dune et décide d'y passer la nuit. J'en profite pour écrire un très court message sur le sable à l'attention de mes amis.

... et tous mes vœux !

L'attraction classique pour les touristes, c'est de venir après le coucher du soleil en dromadaires jusqu'à un campement de tentes touareg installé au pied de la dune, d'y manger et dormir et de repartir avant le lever du soleil.
En loupant :

Les lumières tardives.

Et en loupant :

L'émergence du soleil.

Ce soir là, un bon moment après le coucher du soleil, sous la voie lactée, dans la nuit noire (avant le lever de la lune bien plus tard), j'entends au loin un bruit au début indéterminé, puis identifié comme étant la respiration difficile d'une personne qui monte.
Quoi faire ?
- Allumer ma lampe frontale assez tôt pour indiquer ma présence, au risque de contrarier son ascension déjà difficile, pas cool !
- Attendre que le nouveau venu s'aperçoive par lui-même, en me marchant dessus, qu'il n'est hélas pas aussi seul qu'il l'espérait, et au risque de provoquer une crise cardiaque, pas cool !
J'opte pour une solution médiane permettant à ce touriste anglais d'arriver au sommet tout en ayant un petit sursaut face à l'incongruité de ma présence. Après une courte discussion, les djembés commencent à sonner au loin, annonçant le début de la soirée folklorique de son groupe, il me quitte donc pour les rejoindre,et je me rendors.

Ma chambre ;-).


Mercredi 14 janvier 2009
Après le lever du soleil,et le départ du groupe de touristes, je descends tranquillement de la dune et repars d'abord récupérer mes bouteilles d'eau puis continuer plus vers le sud. Arrivé dans une zone entourée de grandes dunes je décide à nouveau de me délester de 5 bouteilles à un endroit central et stratégique, puis je vais poser mon sac au sommet d'une petite dune avant de partir me balader vers de plus hauts sommets. En fin d'après midi, la lumière est bonne, mais le point de vue serait meilleur si j'étais sur une des dunes adjacentes, je pars donc léger pour 45 min de marche afin atteindre une autre dune, et ce d'un pas déterminé pour y parvenir avant le coucher du soleil. De retour, le vent s'est un peu levé, et je dois déplacer mon plumard de quelques mètres.

Je vais passer la nuit sur une plateforme sur la gauche.


Jeudi 15 janvier 2009
Au lever du soleil, le vent est toujours présent, je pars dans l'optique de dormir en haut d'une très grande dune à l'est de l'erg (l'Algérie est à 15 Kms), je passe prendre une bouteille dans mon stock et entame l'ascension de la dune. A mi hauteur je rencontre deux dromadaires flânant en liberté.

Et d'un.

Avec le sourire, c'est mieux.

Et de deux.

Puis je continue jusqu'au sommet pour admirer la vue. Un petit bousier découvre une nouvelle forme de glisse sur l'un de mes bâtons de randonnées.

Kezako ? se demande-t-il.

Au fur et à mesure de l'avancement de la journée, le vent se renforce jusqu'à devenir assez violent, provocant des sortes de superbes volutes de sable (une fois de plus imprenables en photo, dommage :-( ).

En regardant bien on peut imaginer des volutes sableuses.

En fin d'après midi, les traces (pourtant profondes) laissées sur la crête sont effacées en quelques minutes tellement le vent est présent, formant des zones sableuses de densité très différente, par moment j'ai du sable presque jusqu'aux genoux dans des congères de sable très aérées.

Ca souffle !

Vue du matin, maintenant je suis en haut de la grande dune

Vers le sud, avec l'hamada de Guir à gauche et l'hamada de Merzouga à droite

A environs 140 m de haut, dans la ligne de crêtes, direction nord-ouest.

A gauche de la crète le sable est très aéré donc très moux, à droite sous le vent le sable est très dur.

Même proche du sommet des dunes il y a des zones humides avec un peu de végétation.

Le soleil baisse.

Je redescends tranquillement.

A l'horizon, en fin d'après midi, je perçois un changement probable de météo. Ayant eu un assez bon tour d'horizon de l'erg qui va de surcroit en s'affinant vers le sud, et ayant parcouru une partie non négligeable de l'erg en exploitant au mieux les zones de sable durci par l'humidité relative de cette saison; de plus, étant un assez bon marcheur, je décide de traverser complètement l'erg pour me mettre à l'abri (au cas où...) dans un petit village à l'ouest. Pour ce faire, je rejoins mon stock d'eau, vide les 4 bouteilles restantes et pars direction plein ouest d'un pas décidé. Je vois à l'horizon le soleil se coucher doucement dans le rougeoiement du ciel

Le ciel est en feu derrière une dune.

Puis vient la nuit de plus en plus noire. J'aperçois au loin un touareg marchant plus ou moins dans la même direction; je décide de le suivre à distance, jusqu'à ce qu'il bifurque, je continue dans le noir (préférable à un éclairage avec une frontale qui éclaire à quelques mètres mais ne permet pas de naviguer à plus long terme) vers les lumières lointaines d'un village. Une fois arrivé, je croise quelques personnes, jusqu'à ce que quelqu'un me propose un hébergement dans une des auberges qui bordent l'erg. J'accepte volontiers, j'aurais préféré une nuit chez l'habitant mais bon, il est tard et je suis un peu cuit. Tiens une douche, cool ;-)

Le grand luxe !

Un chouia kitch.


Vendredi 16 janvier 2009
En sortant de l'auberge, je m'aperçois que je me trouve à seulement quelques mètres de là où m'avait laissé la fourgonnette à l'aller (donc à Hassi Labied). J'attends quelques minutes la dite fourgonnette peut être gigamétrée, vu son âge, sous un temps nuageux et bientôt pluvieux (mon flair affuté ne m'a pas trompé), pour rejoindre Risani puis Errachidia via un "grand taxi" dans l'espoir d'aller voir de plus près les plateaux enneigés du pré-atlas tant admirés à l'aller. Mais en m'approchant d'Errachidia, je m'aperçois que ce si bel enneigement était en fait dû aux fortes précipitations de neige que j'avais subies lors du passage du col du Tichka et que tout avait fondu depuis; il n'en demeure pas moins que mon attrait pour l'Atlas est grandissant. Dans l'immédiat je décide de prendre la direction de Ouarzazate quitte à sortir du car en cours de route (car local très ancien, mais en contrepartie je me trouve au coeur des couches populaires du sud du Maroc), ce qui ne fut pas le cas finalement. Arrivé à Ouarzazate, je passe de nouveau une nuit à l'hotel Atlas.


Samedi 17 janvier 2009
La météo du reveil est encore pluvieuse; après un bon petit déjeuner dans un restaurant faisant aussi "galerie d'art", je traverse la ville dans l'espoir de trouver un horaire de car favorable pour aller à Zagora (à l'extrémité sud de la vallée du Drâa).Aucun horaire ne me satisfait, je me dis que c'est peut être le moment d'aller voir le ksar d'Aït-Ben-Haddou inscrit au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO depuis 1987, je prends donc un taxi pour m'y rendre.
En chemin, le taxi prends en charge deux femmes et une fillette de 2 ans qui attendaient sur le bord de la route: elles vont aussi à Aït-Ben-Haddou. Une fois arrivés, elles m’indiquent par bribes le chemin pour le ksar, traversant un gué puis une grande partie boueuse et très glissante. C'est certainement ma maitrise du roller qui me valut de finir une longue glissade agrippé à un muret plutôt que la face dans la boue, aussi je me rendi à l'évidence qu'il serait mieux de sortir mes 3 bâtons de randonnées de mon sac-à-dos (Pourquoi 3 ? Parce que !) j'en garde un et prête les autres à chacune des femmes me précédant (surtout que l'une d'elle porte la fillette dans ses bras); alors elles reprennent plus sereinement le chemin qui les emmène jusqu'à la maison familiale, but de leur voyage pour la visite hebdomadaire de la mère de l'une d'elles.
Elles me rendent les bâtons et m'invitent chaleureusement à venir partager le repas du midi avec elles, ce que j'accepte avec grand plaisir (seulement 10 familles habitent encore le ksar). La maison est constituée d'un rez de chaussee comprenant notamment une étable/bergerie et d'un étage avec une petite cuisine, plusieurs chambres et deux terrasses, le tout à des niveaux différents. Nous mangeons dans une très grande pièce très simple d'au moins 70 m², éclairée par de petites ouvertures, c'est magique !!

Zahra, Amel et Ayate sur la terrasse supérieure.

La vue de la terrasse supérieure.

Sous le grand panier, la petite cuisine.

Dans la cuisine sans lumière, un petit thé est en préparation par la mère de Ayate.

La grande pièce.

Dans la maison j'entends des bruits bizarres: il y a d'une part les bêlements des chèvres dans l'étable, mais il y a aussi de longs gémissements, et Ayate m'apprend qu'en plus de sa mère, vit ici reclus dans une pièce très sombre en face de la cuisine qu'il ne peut plus quitter que porté par ses fils, son père qui a passé une vie Germinalesque dans une des très nombreuses mines de la région et qui aujourd'hui souffre le martyre à cause de rhumatismes aux jambes.
Après le déjeuner, elles me proposent de rester pour la nuit, je les remercie mais je réserve ma réponse et pars faire la visite du site, tout en leur offrant les médicaments que j'ai dans mon sac (rien de bien extraordinaire: des médicaments contre les maux de gorge ( je n''ai rencontré aucune maison chauffée durant tout mon trip marocain), et des Doliprane 1g). Entre temps la météo à viré au beau fixe, chouette visite de ce site qui a été le cadre de plusieurs films, d'ailleurs la région de Ouarzazate est le Hollywood marocain.

Le Ksar d'Aït-Ben-Haddou vu depuis la rive du Mellah.

Le Ksar d'Aït-Ben-Haddou vu d'en haut.

Ma visite terminée, je retourne les voir pour accepter leur sympathique invitation. Nous prenons évidement un thé, puis un tajine (préparé à la lueur d'une bougie, car il n'y a pas d'électricité) puis s'ensuit une soirée de discussion à la lueur d'une lampe à gaz, blottits sous de grosses couvertures, avec quelques traductions/explications de temps en temps à mon attention. Un excellent moment !
Le portrait n'étant absolument pas ma spécialité, je ne peux tout de même m'empêcher de demander la permission de prendre rapidement pour ne pas les déranger quelques photos tellement la lueur est belle.

La mère d'Ayate.

Ayate.

Ayate, la sœur de Zahra et Zahra.

D'ailleurs déjà un peu plus tôt dans l'après midi, un peu avant le déjeuner je n'avais pu m'empêcher de faire la même demande devant cette scène toute Vermeerienne (avec son éclairage gauche par une fenêtre)

Amel dans les bras de Zahra.

Amel dans les bras de Zahra.

Pour le repas et un peu plus tard dans la soirée nous rejoint Abdoula, un ami d'un des fils de la famille qui loge temporairement dans la maison, ainsi que la petite soeur de Zahra.


Dimanche 18 janvier 2009
Le lendemain matin après une bonne nuit dans la grande pièce, je dois insister un petit peu pour donner un coup de main pour la vaisselle (rinçage dans l'eau glacée et essuyage), nous prenons un petit déjeuner (soupe chaude, pain et bien sûr du thé).
Ensuite je les laisse (mais maintenant de retour en france un colis contenant notamment les photos est en préparation pour elles) pour continuer mon chemin en direction de Télouet (à 49 Km), en ne sachant pas si j'irai jusque là, car lors d'une discussion avec quelqu'un j'ai eu vent d'espagnols qui avaient dû faire demi-tour face à un gué trop important. Sachant cela, je marche sous un très beau temps, traversant les villages les uns après les autres; j'aperçois les vélos d'un couple d'allemands rencontrés la veille, qui en sont à leur 6ème semaine de vélo (plus de 1300 Km) dans un trip marocain qui comptera 9 semaines au final; je ne m'arrête pas, sachant qu'ils vont nécessairement me doubler. Un peu plus loin, alors que je suis en pleine discussion avec le tenancier d'une auberge qui essaye de me dissuader de continuer pour rester chez lui, voilà que les allemands arrivent accompagnés d'un autre cycliste pour l'occasion.

Le couple d'Allemands à gauche.

Tout le monde reprend son chemin, je les vois s'éloigner (pas si rapidement que cela, car sur la piste la marche est presque,voire plus, rapide que le vélo). Un peu plus tard, un couple de touristes hollandais dans une routière Renault de location dont la présence ici est un peu saugrenue, me propose de me prendre en stop; après une courte hésitation j'accepte et fais quelques kilomètres avec eux, le temps de doubler les 3 cyclistes, de passer un gué assez haut (moi et la femme à pied, de pierre en pierre, et le conducteur plein de hardiesse dans la voiture), le temps aussi de voir les cyclistes passer ce même gué (et là je mesure tout l'avantage d'être à pied), puis de continuer un petit peu jusqu'au détour d'un virage où un vieil homme à pied indique au conducteur qu'il n'est pas raisonnable de continuer sur la piste qui va devenir de pire en pire (je confirme !) et que le risque d'y laisser son bloc moteur est sérieux. Ils décident donc de faire demi-tour (perso je ne serais même pas venu jusque là en voiture de location). Je continue mon chemin à pied, croisant de ci de là des voyageurs plus hippiquo-typiques sur fond de neige sur les hauteurs de l'Atlas.

Le transport le plus adéquat dans la région.

La piste surplombe une superbe vallée.

Avec un village accroché sur les flancs.

A la nuit tombante, je m'arrête dans un petit village à une dizaine de Km de Télouet au bout de 7 heures de marche et les pieds un peu fatigués.

Le village ou j'ai décidé de dormir.


Lundi 19 janvier 2009
Vers 8h le lendemain je reprends mon chemin en direction de Télouet dans un cadre sublime.

La piste à laissé la place à une petite route qui serpente dans un magnifique paysage.

Un petit village avant Télouet.

Juste de l'autre coté de la route.

Arrivé à Télouet je me dirige vers la kasbah et croise le gardien qui me fait visiter le palais du pacha Glaoui laissé à l'abandon depuis sa mort en 1956.

Le palais de Télouet.

Le palais de Télouet.

Le palais de Télouet.

Après cette visite, je me dirige à présent vers le col du Tichka, avec en mon fort intérieur le sentiment que je vais devoir faire une pause quelque part dans un village. Et puis Km après Km je vois les sommets se rapprocher, et interrogeant régulièrement les personnes que je croise, elles me donnent des kilométrages différents, mais à un moment une estimation plus précise se détache. Je suis à une dizaine de Km du col, la route passe une rivière puis continue avec une neige fondante qui doit me conduire à un embranchement avec la route principale Marrakech-Ouarzazate (l'année dernière j'ai fait une bonne balade au dessus du col du Tichka et aussi les 5 Kms qui séparent cet embranchement du col). Le soleil est encore assez haut dans le ciel, la météo est bonne depuis au moins la veille dans le secteur, j'ai de la nourriture et de l'eau, je peux éventuellement dormir dehors dans le pire des cas, une assez bonne forme malgré déjà les 7 heures de marche dans la journée; donc au vu de tous ces paramètres, je décide de tracer directement à travers la montagne vers le col, bon challenge !

En gros l'itinéraire que je pense prendre.

Je quitte la route et marche dans un mélange de neige, de boue très glissante jusqu'à rejoindre un torrent qui pourrait éventuellement être infranchissable, mais heureusement ça n'est pas le cas; je choisis d'ailleurs la stratégie qui consiste à marcher relativement près du torrent afin de ne pas monter et me trouver bloqué devant un abime.

Chemin faisant... (j'ai pris très peu de photos, j'étais plutôt préoccupé par la marche)

Je retrouve les bonnes sensations que procure la marche en montagne, en traçant son propre chemin, sensations ressenties pendant 3 semaines cet été dans les Lofoten. Je marche tantôt dans la boue jusqu'aux chevilles, tantôt avec de l'eau jusqu'aux mollets et parfois de la neige jusqu’aux genoux. Certains contournements de cascades sont un peu plus périlleux, mais toujours sous controle.
Une bonne étape est franchie, à partir de cet endroit il n'y aura plus de mauvaise surprise du relief.

Le plus compliqué est fait et se trouve en bas.

Enfin après 2 heures d'efforts soutenus, je rejoins la route qui mène au col.

Depuis le muret qui longe la route pour le col.

Je fais le dernier kilomètre qui me sépare du col dans le vent glacial mais tellement content d'avoir réussi la jonction de 75 Km séparant Aît-Ben-Haddou et le col du Tichka (2260 m d'altitude) en 2 jours avec la petite aide des hollandais sur quelques Km.

Le col du Tichka.

Arrivé au col, j'apprend que contrairement à ce que je pensais il n'est pas possible de dormir ici; bon tant pis, je fais du stop et descend les 15 prochains kilomètres versant nord (vers Marrakech) à l'arrière d'un utilitaire parmi les bouteilles de shampoing jusqu'à Tadderte ou on me propose de dormir dans le local d'une association où d'ailleurs un autre voyageur y est déjà, un cycliste et là quelle surprise et joie de retrouver Dirk, le grand gaillard hollandais de 22 ans croisé la veille en compagnie du couple allemand, habitué depuis l'âge de 16 ans à faire de grands voyages à vélo à travers toute l'Europe, et que je rencontre aujourd'hui dans le cadre de son quatrième mois d'un voyage d'un an qui le mène de la Hollande jusqu'en Turquie (traduction automatique avec google de son blog hollandais et sa galerie de photos) via la France, l'Espagne, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, Israël, la Jordanie, la Syrie..

Le vélo de Dirk.

Dirk.

Nous passons une bonne soirée à converser sur les voyages (techniques, projets passés/futurs, mental, etc.) autour d'un bon tajine suivi évidement d'un bon thé chaud. Comme promis, j'ai posté sur son site un commentaire, renvoyant sur mon site et une collection de photos d'endroits qu'il à également vus.


Mardi 20 janvier 2009
Le réveil est pluvieux, dommage j'aurais bien aimé retourner vers le col. Tant pis, je vais désormais rester au nord de l'Atlas afin de ne pas me retrouver bloqué par la neige, mon vol retour devant partir de Marrakech. Alors que je pose mon sac dans la soute du car qui m'emmènera à Marrakech, Dirk est passé de l'autre coté du comptoir de la petite boutique de Mohamed et joue au vendeur tandis que ce dernier nous offre un bon thé chaud pour bien commencer la journée.

La force de vente ;-) .

Le bon thé.

Mon car va partir : je les laisse, alors que Dirk doit rejoindre aussi Marrakech en vélo sous la pluie et dans le brouillard sur 100 Km, bon courage ! Je profite d'une panne du car pour compléter mon petit journal de bord.
Arrivé à Marrakech, je traverse la ville sous des trombes d'eau offrant un visage bien différent de celui qu'on présente d'habitude, pour rejoindre la gare routière Bab Doukkala (via le souk et la place Jemaa El Fna en travaux), ou j'espère pouvoir prendre un car pour Asni dans le Haut Atlas proche de son point culminant : le Mont Toubkal (4167 m). Mais les horaires ne collent pas et l'espoir d'une météo plus clémente font que, finalement, je décide d'aller vers l'ouest.
J'arrive à Essaouira, me dirige vers la ville intra-muros dans laquelle je trouve rapidement un hôtel (tiens, une douche cool !), puis je flâne by night dans les ruelles, emplies de petites échoppes qui vendent de la marqueterie, faïence, poteries, tissu, etc., il y a déjà beaucoup plus de monde que dans les endroits que j'ai visités jusqu'à présent.


Mercredi 21 janvier 2009
Ce matin, je me lève assez tôt pour profiter des petites ruelles, des remparts et du port, c'est joli, c'est mignon, d'ailleurs aussi inscrit au patrimoine de l'humanité par l'UNESCO depuis 2001, mais c'est pas le Maroc que je recherche.

Les remparts face à la mer déchainée.

Au bout le Bastion nord.

La porte du port.

Les poissons ne sont pas loin.

Aussi je décide de prendre un car pour Marrakech, puis un taxi, ensuite un "grand taxi" pour Asni où je vais loger chez Mustafa au cœur du quartier populaire.

Le quartier populaire d'Asni.

Le fils du frère de Mustafa jouant dans la cour.

Le soir avant la tombée de la nuit je monte un peu au dessus du village pour apprécier la vue sur l'Atlas.

La vue depuis le haut d'Asni.


Jeudi 22 janvier 2009
Mustafa est guide pour l'ascension du Toubkal et connait parfaitement sa région. Ne restant que peu de jours, il m'indique un petit tour sur 2 jours que je pourrais faire (Asni, Arg, Imlil, Asni). Je pars pour cette boucle, mais la motivation n'y est pas trop (Arg est dans une vallée, le passage vers Imlil est enneigé mais je ne sais pas à quel point, je n'arrive pas à passer un gué qui nécessiterait de faire encore plus de marche pour passer un pont), bref après m'être arrêté pour sécher mes vêtements et me voir offert un thé par un habitant, je décide de retourner vers Asni pour me balader plus localement et je me rappelle la belle vue de la veille: je décide de monter (cette fois bien motivé) jusqu'au plateau surplombant Asni. Arrivé en haut je suis récompensé par une vue d'ensemble splendide !!

La vue sur l'Atlas depuis le plateau surplombant Asni.

Un berger et ses chèvres passent

bêêêê.

Parfois en montagne le meilleur chemin n'est pas celui qu'indiquent les crottes de chèvres ;-)

C'est incroyable l'agilité d'une chèvre dans un abîme.

Je redescends dans le village et passe une nuit supplémentaire chez Mustafa et sa famille.


Vendredi 23 janvier 2009
Ce matin, je décide d'aller voir de plus près ce que j'ai vu la veille. Je pars pour une longue marche qui me mène en haut d'une crête d'où je peux admirer les sommets du haut Atlas.

Le haut Atlas avec le mont Toubkal.

Pendant la descente.

Pendant la descente.

En redescendant je croise plusieurs personnes avec des mules, dont une avec qui j'ai une petite discussion; le cadre, la lumière sont superbes, mais n'osant pas lui demander si je peux le prendre en photo, je le regarde s'éloigner doucement, scotché net devant cette très belle vision. Lui, de sont coté, s'est retourné plusieurs fois se demandant sans doute pourquoi je reste planté là aussi longtemps (et peut être même la bouche bée ;-) ).

Le cadrage aurait pu être différent avec en plus un cavalier et sa monture, tant pis, une autre fois, inch allah.

Un peu plus bas je croise des ouvriers des travaux publics faisant une nouvelle route, un Séguéla local en aurait très facilement retiré une affiche pour une campagne de pub genre : "Profitez du grand air, les travaux publics marocains recrutent, engagez-vous !"

Un bon environnement de travail c'est bon pour le moral ;-) .

Retour chez Mustafa pour la dernière nuit chez lui.


Samedi 24 janvier 2009
Le matin je prends un "grand taxi" pour Marrakech qui est plongé dans un gros brouillard. Je pars dans le souk populaire du quartier Sidi Mimoune acheter un 501 qui remplacera avantageusement mon pantalon de randonnée crotté et m'évitant ainsi de devoir faire le vol retour dans la soute à bagages. ;-)
Puis je passe une bonne partie de l'après midi dans le calme de l'ancienne école coranique, la Medersa Ben Youssef, avant de retraverser le souk (touristique celui là) pour me reposer tranquillement à l'hôtel.

La cour de la Medersa Ben Youssef.

L'autre coté.

Une chaise vous attend.

Je ne connais pas le Coran, mais certains versets semblent plus joyeux que d'autres ;-) .


Dimanche 25 janvier 2009
Aujourd'hui c'est dimanche le jour de la 20 édition du marathon de Marrakech; sachant cela, je décide d'avancer mon départ pour l'aéroport en prévision de perturbations de circulation, ce qui n'a pas loupé pour mon plus grand bonheur, obligeant la navette pour l'aéroport à faire plusieurs détours qui me permettent de prolonger un peu mon voyage, notamment en voyant au loin pour une dernière fois le soleil frapper les sommets de l'Atlas, cool !
Avion pour Paris CDG puis train pour une arrivée sur Nantes vers 22h.


Lundi 26 janvier 2009
Sur un air bien connu. C'est lundi Mhmm Mhmm.... Au boulot Mhmm Mhmm....


Conclusion
Ce voyage à été riche aussi bien pour les beaux paysages que j'ai pu admirer, tous les gens que j'ai pu rencontrer, toutes les scènes de vie des marocains dans leur quotidien que j'ai pu voir (je n'ai presque rien photographié pour ne pas gêner les gens ni moi même, mais tout est dans la tête). Je pense avoir assez bien évité les plus grosses arnaques, tout en essayant d'être relativement généreux avec ceux qui en avaient réellement besoin).
Bref un EXCELLENT voyage !


Remerciements à:

  • Mon père pour la réalisation de l'accroche permettant de transformer mes 3 bâtons en trépied photo.
  • Christophe pour les 2 Kg de bon pain bio de l'A.M.A.P. du quartier Zola à Nantes qui m'ont soutenu dans mes marches et dont le dernier morceau à été mangé le 23 janvier, toujours excellent plus de deux semaines après sa cuisson, vive le BIO !
  • Jérôme pour la carte routière (Michelin n°742) du Maroc.
  • Ma mère pour sa relecture correctrice de ce petit texte.
    A+, Ronan.
    P.S. : Toutes les photos prises lors de ce voyage l'ont été avec un réflex numérique Canon 350D muni de l'objectif Tamron AF 17-50mm f/2.8 SP XR Di II LD Aspherical [IF] dont je suis très content (c'était ma première utilisation de cet objectif) !